"Vis ta Mine !" est le résultat d'un projet d'immersion (sur une année) réalisé avec les anciens mineurs de bauxite du Var.
Ce projet est né de ma volonté d'inscription dans un territoire. Sillonner les lieux afin d'y restituer, par une démarche artistique et poétique, la mémoire qui s'efface, plus particulièrement la mémoire ouvrière.
Vis ta mine ! met en scène mes préoccupations de femme artiste et poète face à cette mémoire, qu'elle soit visuelle, scripturale ou orale.
Après vient le temps du faire, dans le creuset qu'est l'atelier.
Provoquer l'alchimie pour restituer et donner à lire et à voir tout ce collectage de mots et d'images engrangés depuis le mois d'octobre 2010. Transformer ce patrimoine immatériel comme un minerai, grâce à un travail plastique et poétique contemporain, in situ, inédit : c'est-à-dire une installation et une écriture performative en relation directe avec le territoire abordé et les femmes et les hommes qui l'ont occupé et qui l'occupent encore.
Qu'elles et qu'ils en soient ici remercié(e)s.
Ce qui m'a profondément touchée dans ces rencontres, c'est le rapport avec le quotidien qu'entretenaient les mineurs et leurs épouses. D'abord, le rapport aux choses simples de la vie qui rythment une journée : les repas, la gamelle, le lavage…. Mais dans le même temps , le rapport aux choses fortes de la vie qui sont de l'ordre du combat et de la résistance.

Par ce travail, j'ai souhaité restituer leurs propos en posant le questionnement suivant, à savoir : "Comment le Var Rouge est devenu Provence Verte ?"

http://museedesgueulesrouges.fr/actualites-musee-mine-bauxite-tourves.html

http://www.plainepage.com/editions/vistamine.htm

- Puits aux fourmis: « …que l'on voit danser le long des golfs verts... »

Loisir à l'air libre et moisir en profondeur ? Dans chaque trou du tourniquet, des syllabogrammes à recomposer pour une phrase cachée. Des images de fourmis, insectes présents, à la fois sous la terre et sur l'herbe des terrains de golf, pour témoigner du pénible travail d'extraction de la terre et du labeur incessant des mineurs.

- Puits des Mots Passants

Chaque regardeur, en associant les fragments de mots « passants » aux fragments restants peut trouver des mots en relation directe avec le vécu et l'histoire du mineur, et composer ainsi des phrases sur plusieurs niveaux de lecture. Les syllabes tournent et passent, se décomposent et se reconstituent… Comme la mémoire qui joue à cache-cache avec l'oubli.

LES EMPAQUETAGES

J'erre vais tous les matins aux mines râlent en (g)rêve. En dépliant ce petit carré d'alu minium, je me dis que pour arriver à ce petit carré, y a des hommes sous terre qui triment dur et qui ont eu faim…. Je sors de son contenant d'aluminium, une denrée alimentaire : le petit carré frais de Gervais dont je conserve ensuite l'emballage. Je prends conscience de cet acte quotidien que je répète chaque matin…. Je m'attache à ces petits bouts de rien, ces petits bouts de vie, qui va et qui vient, et se répète jour après jour : déplier, déguster, récupérer, laver et sécher ces petits carrés d'alu. Puis, les classer, des plus plats aux plus pliés, des plus lisses aux plus cornés. Les estamper, les imprimer et les coudre entre eux… Inlassablement rassembler, réemployer afin de faire revivre ce qui doit être oublié. J'inscris au fil des mois, un geste, le même. Défaire pour reconstruire matin après matin. Je ligature des fragments de temps pour trouver un sens aux choses jetables, sur table.

Puits aux 15 Fleurets

Le fleuret est l'outil du mineur. C'est une tige d'acier d'un engin servant à creuser, à percer. Le Puits aux Fleurets met en scène le bruit incessant dans la mine, et l'usure du fleuret témoigne de celle des ouvriers.

cylindre de coffrage, bauxite, 15 fleurets moulés, alu et matières diverses et mouvement rotatif,
diamètre 0,40 m, hauteur 1,50, m
alimentation 230 volts

LES MOULAGES

J'aime faire de la série avec des pièces pas tout à fait identiques, quelquefois bancales, mais qui nous ressemblent en tant qu'humains
Je moule chaque jour des casques, des fleurets, des lettres et des emballages avec de la bauxite, comme pour les sacraliser. Je moule et réalise mes pièces une à une alors qu'elles et eux, ouvrières et ouvriers les fabriquent par centaines… Je mélange la matière, je salis, je lave, je rince les outils, mais les traces rouges demeurent…
La matière est trop grasse. Elle résiste à l'eau froide du robinet de l'atelier. Mado et les 2 Josette me racontaient que c'était dur question lavage…Elles ont raison.
Mon atelier ressemble à un carreau de mine…
Quand je moule mes pièces qu'elles soient en cire, en savon ou comme ici en bauxite, je crée des accidents dans la matière de manière à ce que chaque pièce soit différente des autres au démoulage. Je ne prétends pas faire aussi bien que les professionnels. Je ne suis pas une professionnelle de la bauxite, ni artisan mouleur. Je suis une artiste. Quand je démoule, on reconnaît la pièce que j'ai faite et qui n'est pas parfaite. Elle est lisible et cela me suffit. La perfection, c'est quoi ? C'est plutôt ennuyeux et pas vraiment humain

- Port du casque obligatoire

30 Casques pour 30 Mineurs
(Acquisition Musée des Gueules Rouges, Tourves)
Chaque casque est un moulage unique fait de bauxite et de ciment.

Dans ces moulages sont insérés des indices à la profession. moulages, bauxite, ciment, pigments et matériaux divers

POINTAGE: 30 portraits des 30 mineurs (Acquisition : Ville de Brignoles)
Trombinoscope interactif

Trouvez les noms pour chaque visage de mineur grâce à des jeux de mots inscrits autour des portraits. Connectez une fiche sur le métal autour du visage et l'autre fiche sur la vis à droite du nom. Si la lampe du casque du mineur s'allume, vous avez trouvé la bonne réponse.